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La souris et le vent

Auteur :

Gougaud H.

Temps de lecture estimé :
3 minutes

Proposé par :

Daniel

23 août 2021
Le :

C’était un désert, silencieux, paisible. Un désert sans faute, un désert sans rien, sans le moindre buisson mortel. Il y avait le ciel, il y avait le sable, il y avait le vent et une souris.
Il y avait l’amour. L’amour est partout, surtout au désert où rien ne l’arrête, ni pièges ni murs.
L’amour infini avait fait son nid dans le cœur du vent et de la souris. Sans cesse elle disait au bord de son trou :
- Vent, je veux te voir !
Le vent répondait :
- Souris, m’aimes-tu ?
- Tu emplis ma tête, mon cœur, mes sens. Disais la souris. Mais tu vas, tu passes, tu n’es jamais là.
Le vent murmurait :
- Viens que je caresse ton ventre, ton dos, ton joli museau,
- Oh oui, je te sens. Disais la souris. Oh, tes mains, ton souffle, tes yeux. Dis-moi, comment sont tes yeux, ton front, ta bouche ? Te voir vent ! Te voir ! Comment t’aimer bien sans jamais te voir ?
Un heureux matin, lumière tranquille, dunes alanguies, le vent répondit :
- Pour l’amour de toi, je vais t’apparaitre avec mes vraies mains, avec mes vrais yeux, ma poitrine nue, mes cheveux défaits et tu me verras tel que Dieu m’a fait. Attends je reviens.
Plus un souffle d’air, silence, soleil, paix, sieste du sable. La souris, béate attendit le vent.

Soudain du lointain vint un sifflement, une nuée grise envahit la dune, un tourbillon noir vint tout au bord du trou. Un géant poudreux se mit à hurler :
- Hé souris, me vois-tu ? Ma mère m’a dit que j’étais superbe ! Regarde-moi donc ! Dis, suis-je assez beau ? Souris, mon aimée, répond moi ! Mais c’est moi maintenant qui ne te vois plus ! Tu sais, je peux être encore plus grand, encore plus fort, plus vivant encore ! Dis-moi où es-tu ? Je ne te vois plus ! Dis-moi que tu m’aimes encore et toujours !
Elle n’entendait plus, elle entendait trop. Elle s’était terrée au fond de son trou. Elle tremblait de froid, grelottait d’effroi.
Tempêtes, bourrasques, ouragans, vertiges, l’Amour est ainsi quand il vient tout nu.
Elle ne le savait pas.

In « L’amour foudre. Le point, ISBN 9 782757 802625 page 87
Dis par Henri Gougaud à « La grande librairie » mars 2021
https://www.facebook.com/watch/?v=3780722132042533

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