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Le champ du lièvre, de l'éléphant et du chameau

Traditionnel

Il y a longtemps, très longtemps les animaux de la savane qui mangeaient de la viande tombèrent malades les uns après les autres. D'abord la hyène, puis le léopard et la panthère. Quand vint le tour du lion celui-ci convoqua tous les animaux.
- A partir d'aujourd'hui, nous ne devons plus manger de viande, nous ne mangerons plus que des légumes ou des céréales, décréta-il.
- Bravo, Bravo ! crièrent les antilopes.
Bien sûr la hyène, le léopard et la panthère n'étaient pas d'accord. Ils n'avaient jamais mangé de légumes.
- Comment ferons-nous pour nous procurer suffisamment de légumes et de céréales ?
- Chacun n'aura qu'à cultiver un champ, dit le roi des animaux et il ajouta :
- Pour fixer la taille de votre champ chacun d'entre vous fera dix pas pour la largeur et vingt pas pour la longueur.
Ainsi fut fait, chaque animal à son tour fit dix pas pour la largeur et vingt pour la longueur de son champ.
Quand vint le tour du lièvre, celui-ci prit son élan et fit dix grands bonds pour la largeur et vingt bonds aussi grands pour la longueur.
- C'est de la triche ! cria la hyène, tu n'as pas le droit de faire des bonds !
- Pas du tout, rétorqua le lièvre, c'est ainsi que se déplaçaient mon père et mon grand-père. Nous les lièvres nous nous sommes toujours déplacés en faisant des bonds.
- Soit, dit le lion, restons en là et que chacun cultive son champ.
Mais le lièvre trouvait que se serait bien fatigant de cultiver un champ aussi grand. Alors il alla trouver l'éléphant.
- Eléphant, lui dit-il, mon champ est bien trop grand pour un petit animal comme moi, si tu veux nous pourrions le partager. Nous y planterions du mil. Moi je travaillerais le jour et toi la nuit.
- D'accord, dit l'éléphant, qui n'avait pas pu faire de grands pas et dont le champ était trop petit pour son énorme appétit.
Puis le lièvre alla trouver le chameau.
- Chameau, mon ami, mon champ est bien trop grand pour un petit animal comme moi, si tu veux nous pourrions le partager. Nous y planterions du mil. Moi je travaillerais la nuit et toi le jour.
- D'accord, dit le chameau, qui avait de nombreux enfants à nourrir.
Le premier jour, le chameau alla au champ et en débroussailla une bonne partie. Quand l'éléphant vint le soir il s'étonna :
- Comment un petit animal comme le lièvre a-t-il pu débroussailler une si grande surface ? Il faut que je lui prouve que je suis bien plus fort que lui.
Et il travailla dur toute la nuit pour débroussailler le reste du champ. Le lendemain ce fut le tour du chameau de s'étonner :
- Ce lièvre est un rude travailleur ! Il faut que je me montre à la hauteur.
Et il travailla d'arrache pied toute la journée pour creuser des sillons. Et ainsi de suite, jours après nuits et nuits après jours l'éléphant et le chameau se donnaient de la peine, tandis que le lièvre observait de loin l'avancée des travaux agricoles.
Lorsque vint le moment de la récolte, le lièvre alla trouver l'éléphant :
- Eléphant, nous avons bien travaillé, il est temps de récolter. Je vais remplir un grand panier avec ta part de mil et tu viendras le chercher ce soir.
Puis il alla trouver le chameau et lui tint le même discours. Quand l'éléphant arriva au champ il trouva le lièvre avec une corde qui lui dit :
- Voila, j'ai attaché le panier à cette corde, tu n'as qu'à tirer pour faire venir le panier à toi.
Puis il courut à l'autre bout du champ où l'attendait le chameau et lui dit en lui tendant l'autre extrémité de la corde.
- Voila, j'ai attaché le panier à cette corde, tu n'as qu'à tirer pour faire venir le panier à toi.
Et voila l'éléphant qui tire!
Et voila le chameau qui tire!
- Que ce panier est lourd, comme ma part va être importante ! pensait l'éléphant.
- Que ce panier est lourd, comme ma part va être importante ! pensait le chameau.
Pendant ce temps, le lièvre avait filé avec toute la récolte !
Au bout d'un moment, lassés de leurs efforts infructueux, l'éléphant et le chameau abandonnèrent la corde pour aller prendre le mil directement dans le panier. Lorsqu'ils se rencontrèrent au milieu du champ ils comprirent qu'ils avaient été bernés et se promirent de faire passer un mauvais quart d'heure au lièvre lorsqu'ils le rencontreraient.
Voila pourquoi le lièvre est toujours aux aguets et déguerpit dès qu'il aperçoit de la poussière au loin, craignant toujours de voir arriver l'éléphant ou le chameau.
Mon histoire vient de loin, à vous de la garder en vie.

D’après Contes Burkinabais http://www.contesafricains.com/

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