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Le père et son fils

Mbodj S.

Cette histoire se passe en Afrique, il y a longtemps, très longtemps, mais elle pourrait aussi bien se passer n’importe où et n’importe quand.
C’est l’histoire d’un jeune homme qui se lamentait d'être toujours critiqué par ses voisins. Il regrettait de ne pouvoir plaire à tout le monde. Il alla demander conseil à son père. Celui-ci lui demanda d'aller au marché et d'acheter quelque chose qui soit à la fois très sucré et très salé.
Le jeune homme fit le tour du marché et revint chez lui.
- Père, je n'ai pas trouvé ce que tu m'as demandé.
Le père l'emmena alors chez le boucher et acheta une langue de bœuf.
Il dit à son fils:
- Une langue peut être très salée jusqu'à te faire mal, lorsqu’on dit des méchancetés sur ton compte.
- Mais une langue peut être aussi très sucrée jusqu'à te rendre vaniteux lorsqu’une personne te flatte.
- Mangeons la langue.
Après avoir mangé la langue de bœuf, le père dit :
- Maintenant prend notre âne et suis moi.
Ils partirent sur le chemin et approchèrent d'un village. Le père dit à son fils :
- Monte sur l'âne et traversons ce village.
Lorsqu'ils virent ces étrangers, les gens du village s'exclamèrent :
- Regardez ce vaurien qui se pavane sur son âne, il laisse son vieux père marcher dans la poussière. Quel mauvais fils !
Ils continuèrent leur route et arrivèrent devant un deuxième village.
Le père dit à son fils :
- Descends de l'âne, je vais prendre ta place.
Lorsqu'ils entrèrent dans le village les gens s'écrièrent :
- Regardez cet homme ! Il est si vieux qu'il n'est plus bon à rien, et il laisse marcher son fils qui a travaillé toute la journée ! Quel vieil imbécile !
Ils reprirent la route et arrivèrent à l'entrée d'un troisième village. Le père dit:
- Montons tous les deux.
- Regardez ces deux méchants qui n'ont pas de cœur. Ils sont tellement paresseux qu'ils vont épuiser leur âne sous leur poids !
Les deux hommes poursuivirent leur chemin et arrivèrent devant un quatrième village. Le père dit :
- Maintenant descendons tous les deux.
Ils entrèrent dans le village et tout le monde se moqua d'eux:
- Regardez ces deux idiots ! Ils ont un âne et ils ne montent même pas dessus. Ils se fatiguent pour rien !
En arrivant en vue de leur village, le père dit à son fils :
- Portons donc notre âne pour rentrer chez nous.
Leurs voisins, les voyant approcher s’écrièrent :
- Le soleil leur a tapé sur la calebasse !
Une fois rentré chez eux le père dit à son fils:
- Tu vois, quoi que tu fasses, tu seras toujours critiqué. Alors n'écoute jamais les mauvaises langues, toi seul dois savoir ce qui est juste.
D’après 10 Contes d’Afrique de Souleymane Mbodj
Milan Jeunesse

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