Au Comptoir des Contes
Une sélection de contes de mon répertoire et bien d'autres choses
La rose bleue
Traditionnel
Le Roi de Wu dans l'ancienne chine, avait eu de nombreux enfants, tous des garçons, aussi quand sa dernière épouse accoucha d'une fille il fut bouleversé. L'enfant fut nommée Li Yuan, ce qui signifie "la très gracieuse".
Il apparu bien vite, qu'elle était sa préférée et il décida de la préserver des bassesses s du monde.
Aussi fit - il aménager une aile de son palais avec un jardin et un grand mur tout autour. En dehors du roi son père et de sa mère, seule sa nourrice et le vieux médecin du palais pouvaient pénétrer dans ses appartements et son jardin.
Li Yuan grandit comme une enfant rêveuse. Elle aimait rester seule près du petit lac de son jardin secret à observer les fleurs , les oiseaux et les nuages. Elle avait appris les arts qui convenaient à une jeune princesse, la musique, la poésie, la calligraphie. Sa beauté n'avait fait que s'affirmer, elle avait de long cheveux noirs de geai.. Des lèvres rouge carmin finement ourlées.
Et son regard, ha ! Son regard d'un bleue profond qui illuminait son visage couleur de nacre. Ses pieds étaient si petits que lorsqu'elle se déplaçait on aurait pu croire qu'elle glissait à quelques centimètres au dessus du sol.
Bien que personne en dehors de ses suivantes et de ses précepteurs n'avait pu l'approcher, tout le monde dans la capitale et les campagnes savait que Li Yuan était d'une grande beauté et d'une éducation parfaite. Il est des secrets qui ne peuvent être gardés.
Quand elle eu seize ans, ses parents décidèrent qu'il était temps de la marier.
- Ma fille, lui dit sa mère, nous allons donner une grande réception où nous inviterons les princes des six royaumes et les seigneurs de Wu. Tu feras ton apparition dans le monde à côté de ton père . Regardes bien ces princes et seigneurs l'un d'entre eux sera ton époux.
- Mère, je suis trop jeune pour me marier.
- Il faudra bien que tu y consentes, c'est la condition de ton bonheur et du notre.
La réception fut somptueuse, les plats les plus délicats défilaient devant les convives, les musiciens derrières des paravents jouaient la musique de cour. Tout à tour , les princes et les seigneurs superbement vêtus vinrent s'incliner devant le roi et devant Li Yuan
Elle regardait chaque prétendant discrètement, et d'un petit geste de la main signifiait son rejet.
Le roi son père en était fort ennuyé, mais il ne laissa rien paraitre. Il envoya des messagers dans les provinces et les royaumes voisins signifiant que tout seigneur pouvant prétendre à la main de sa fille pouvait venir se présenter au palais.
Pendant deux ans nombreux furent ceux qui se présentèrent. Tous plus nobles et de fière allure les uns que les autres mais aucun ne trouva grâce aux yeux de Li Yuan.
L'impatience du roi et de la reine de voir sa fille enfin mariée grandissait de jour en jour. Lorsqu'elle eut dix huit ans, Le Roi dit à sa femme :
- Notre fille est têtue comme une mule. Vas lui parler toi ! Entre femmes tu sauras la convaincre !
- Ma fille, il est temps que tu te marie. Qui attends tu à la fin ? Tous les hommes dignes de ton rang sont venu te rendre hommage. Tu les as tous repoussé sans même prendre le temps de faire leur connaissance.
- Mère, Je sais ce que mon cœur me dit.
- Mais tu ne saurais rester vieille fille. Quel déshonneur !
- C'est ainsi mère, aucun ne me convient.
Le Roi, caché derrière un paravent avait tout entendu. Il sortit brusquement essayant la douceur :
- Li Yuan, ma chère Li Yuan, mon oiseau précieux, je me fais vieux, j'aimerais égayer mes dernières années du rire de tes enfants.
Li Yuan baissa la tète mais ne répondit pas.
- Je ne peux pas rester sans héritier, penses à notre famille, à mon royaume.
Li Yuan ne répondait toujours pas.
-Les autres royaumes sont menaçants, une belle alliance conforterait notre position.
Toujours pas de réponse.
- Bon, puisque tu ne veux rien entendre, je te donne huit jours, tu m'entends huit jours pas un de plus pour choisir un époux. Si dans huit jours tu n'as pas changé d'avis. Je te renierais et tu sera enfermée dans un austère monastère pour femmes ou on accueille les veuves et les vieilles filles !
Au bout de huit jours le roi convoqua sa fille devant l'assemblée de ses ministres et conseillers.
- Alors ma fille consens-tu enfin à prendre époux ?
-Oui mon père, je vous dois obéissance, j'y consens.
- Enfin, ma fille je suis heureux que tu reviennes à de meilleurs sentiments. Je vais convoquer tous les prétendants dignes de t'épouser à se présenter au Palais.
- Mon père, me feriez vous une faveur ?
- Tout ce que tu veux ma fille.
- Je veux bien me marier, mais mon futur époux devra me faire un cadeau précieux.
- Quoi donc ma fille, parle.
- Je n'épouserais que celui qui m'offrira une rose bleue .
- Une rose bleue ! Une rose bleue ! Ma fille mais tu sais bien que ça n'existe pas !
- C'est ainsi, et pas autrement, je n'épouserais que l'homme qui m'offrira une rose bleue. Je t'ai fais une promesse et tu m'as fait la tienne, d'exhausser mon vœux.
Devant l'obstination de sa fille, le Roi du se soumettre, il fit annoncer dans tout le royaume à grand renforts de trompettes et de tambour que sa fille était prête à épouser l'homme qui lui offrira une rose de la couleur de ses yeux. Il envoya des ambassades dans le royaumes voisins et pour augmenter les chances de se trouver un gendre, il alla jusqu'à promettre une dot considérable à sa fille.
Nombreux furent ceux qui partirent à la recherche de cette rose dans l'espoir de devenir le gendre du roi ! Presque tous abandonnèrent leur recherche rapidement.
Seuls trois prétendants poursuivirent leur quête.
L'un d'eux était un riche marchand. Il alla voir un fleuriste et il le menaça de mort s'il ne lui trouvait pas une rose bleue. Le fleuriste désespéré utilisa un subterfuge pour sauver sa vie. Il colora une rose blanche en la trempant dans de l'encre bleue. Quand le marchand revint voir le fleuriste, il le remercia et lui remit une belle somme d'argent. Il se précipita alors au palais pour montrer la rose bleue à la princesse.
Le roi se réjouit à la vue de la fleur et dit à sa fille :
- Tu dois tenir ta promesse ! Tu as la rose bleue que tu souhaitais, nous allons préparer le mariage. »
- Comment, mon père, avez-vous pu vous laisser tromper aussi grossièrement ? Ce n'est pas une vraie rose bleue. Si un papillon ou un de mes petits oiseaux se posait sur ces pétales, il tomberait mort, empoisonné.
Le deuxième était un seigneur de guerre qui se rendit dans la région des cinq fleuves, célèbre pour ses diamants. Il examina de nombreuses pierres précieuses et finit par trouver un très gros saphir bleu. Il l'acheta et le porta à un joaillier pour le faire tailler en forme de rose. Quand le Roi vit le bijou, il le trouva magnifique et fut persuadé que sa fille accepterait de se marier avec ce seigneur.
- Tu dois tenir ta promesse ! Tu as la rose bleue que tu souhaitais, nous allons préparer le mariage.
La princesse posa ses yeux couleur de nuit sur la rose bleue qui brillait doucement comme l'eau de la mer qui reflète le ciel, puis elle dit :
- Mon père, ne voyez-vous pas que ce n'est pas une rose, mais un saphir taillé en forme de rose ? J'ai beaucoup de bijoux plus beaux que celui-ci.
Le troisième prétendant était un jeune noble de bonne famille. Il convoqua le plus réputé des peintres du pays et lui commanda une peinture sur de la soie fine qui représente la plus belle rose bleue qu'on pût imaginer. Quand la peinture fut achevée, une merveille, il fit porter la soierie à l'empereur, qui fut persuadé que, cette fois-ci, sa fille serait satisfaite, et qu'il allait enfin avoir un gendre.
- Tu dois tenir ta promesse ! Tu as la rose bleue que tu souhaitais, nous allons préparer le mariage.
- Je veux une rose vivante et non une image, aussi belle soit-elle.
Tout ceci avait créé une grand agitation devant le palais et dans toute la ville. Or un jeune homme nommé Wang arrivé récemment dans la capitale s'en étonnait. On lui en expliqua la cause. Wang était un garçon courageux qui travaillait comme portefaix pour subvenir aux besoin de ses parents restés au village. Un garçon rêveur qui aimait la poésie. Ne pouvant pas écrire ses poèmes il les retenaient dans son cœur et en faisait des chansons.
Un soir d'été, la princesse prenait le frais admirant la lune depuis une terrasse du palais. Au pied de la muraille, Wang chantait doucement un de ses poèmes. La princesse charmée voulu voir le garçon par une fenêtre dérobée. Mais dans l'obscurité elle ne put voir son visage. Ne pouvant sortir de lui fit dire par sa suivante de venir le lendemain au palais avec une rose bleue. Wang compris le message.
Le lendemain il cueilli une fleur sauvage au bord du chemin. Il se présenta au Palais la fleur sur l'oreille. . Les gardes lui en interdirent l'entrée. Mais passant par les cuisines, il parvint à s'introduire, il prit le costume d'un des serviteurs qui portait des rafraichissements dans la salle du trône.
Il s'inclinât devant le roi puis devant la princesse. En relevant la tête, leurs regard se croisèrent, leur destin était scellés.
La princesse prit la fleur sur l'oreille de Wang et dit sans hésitation :
- Enfin mon père, voici la rose bleue !
Le Roi mit longtemps à revenir de son étonnement.
Et, à la cour, on entendit des protestations :
- Mais ce n'est pas une rose et elle n'est même pas bleue !
La princesse déclara avec assurance .
- Vous avez tous de mauvais yeux.
- Cette rose est bleue, c'est moi qui vous le dis ! Regardez-bien, et vous verrez que la rose est d'un bleu merveilleux ! Elle est belle comme la vie.
Alors toute la cour se tut. La princesse épousa le poète qui se révéla bien avisé et gagna la confiance du Roi.
Ils furent très heureux. Les chants et les rires, la poésie et la musique remplissaient désormais le palais, et ce fut une joie sans fin.