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Les portes de l'enfer et du paradis

Traditionnel

Un samouraï, à la veille d’un combat dont il pressentait l’issue fatale, vint trouver le fameux Maître Zen Hakuin pour être éclairé sur l’au-delà :
- Maître, enseignez-moi comment reconnaître les portes de l’enfer et du paradis.
Le Maître Zen, tout absorbé par sa méditation, se contenta de sourire sans lever les yeux. Le samouraï répéta sa demande, une fois, deux fois sans obtenir de réponse. Le Maître continuait de sourire, ce qui commença à agacer sérieusement le guerrier. Impatient, il haussa le ton en se campant droit devant le Maître pour poser sa question une troisième fois. Celui-ci le regarda alors droit dans les yeux et lui dit :
- Qui es-tu pour oser interrompre ma méditation ?
- Je suis un samouraï fameux, redouté de tous et honoré de la confiance de mon seigneur.
- Toi un samouraï ! Regarde-toi, quel seigneur voudrait de toi à son service, tu as l’air d’un rustre mal dégrossi ! répondit le Maître.
Le samouraï sentit la colère l’envahir. Jamais personne n’avait osé lui parler ainsi sans le payer de sa vie. Le visage cramoisi, les cheveux dressés, les veines du cou gonflées, il porta la main à la poignée de son sabre et le sortit à moitié.
- Ah parce que tu as aussi un sabre ! On se demande bien pour quoi faire, je doute que tu saches t’en servir !
Fou de rage, le samouraï dégaina son katana et le brandit à deux mains, prêt à l’abattre sur la nuque du sage.
- Ici s’ouvrent les portes de l’enfer, dit paisiblement le Maître sans se donner la peine de lever les yeux.
Le samouraï resta pétrifié, plein de respect et de gratitude pour celui qui venait de risquer sa vie pour lui prodiguer cet enseignement. Il rengaina lentement son sabre et courba la tête devant le sage Zen.
- Ici mon fils s’ouvrent les portes du paradis, lui dit alors le Maître.
Le paradis et l'enfer sont en vous, les deux portes se trouvent au fond de vous-même.

Adapté d’un conte zen anonyme

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